Lorsque Hitler exigea que les juifs danois soient raflés et déportés, il se heurta à une résistance inattendue… Les troupes danoises, avec leurs chefs en tête, refusèrent de collaborer aux ordres du Reich.
En août 1943, le nazi Himmler voulut s’attaquer résolument au « problème juif danois ». Un camp de déportation fut préparé à Theresienstadt, en Tchécoslovaquie. Il devait « accueillir » les 7800 juifs danois recensés. L’été 1943 se déroula sans que les nazis réussissent à déporter un seul juif. L’impitoyable fasciste Rolf Günther fut alors envoyé au Danemark. Celui-ci décida que les juifs danois seraient tous capturés et déportés dans la nuit du 1er octobre. Ces derniers s’attendaient depuis longtemps à une telle éventualité, mais ils avaient reçu l’aide et la protection de la part de l’ensemble des danois, depuis le début des hostilités.
N’étant pas sûr des troupes allemandes occupant le Danemark -elles s’étaient quelque peu « dé-fascisées » au contact de la population- Rolf Günther fut obligé d’amener d’Allemagne des unités spéciales de police. Au total, seulement 477 juifs furent arrêtés sur les 7800 juifs. Les juifs rescapés de cette gigantesque rafle ne furent plus pourchassés, car les nazis eurent à mesurer la capacité des la résistance non-violente et unanime du peuple danois. Himmler comprit que ses troupes ne formaient plus un bloc monolithique sans faille quand elles occupaient un pays où la population utilisait la résistance non-violente. Quant aux 477 juifs déportés à Theresienstadt, 48 seulement y moururent, car de multiples institutions et de nombreux particuliers ne cessèrent de harceler les autorités allemandes pour demander des nouvelles et la libération de ces 477 danois comme les autres.
Mode de résistance
- Lorsqu’un soldat allemand demandait son chemin à un(e) danois(e), ce dernier faisait semblant de ne pas entendre.
- Lorsqu’un soldat allemand rentrait dans un magasin, aussitôt la plupart des danois présents sortaient… Les commerçants prirent donc l’habitude d’accueillir le plus souvent avec « fraicheur » les occupants, puisqu’ils faisaient fuir les clients danois.
De même, lorsqu’un Allemand rentrait dans un restaurant, une partie des clients, ceux qui n’avaient pas commencé leur repas, sortaient de suite. - De temps en temps, une consigne circulait sous le manteau de tel jour, effectuer telle manifestation « spontanée ». Par ex, le 1er mai, tous les danois portaient du muguet. Le jour de la fête nationale danoise, les familles circulaient vêtues chacune d’un habit dont l’ensemble était aux couleurs du drapeau danois.
- De temps en temps, une grève se déclenchait (par ex pour améliorer la sécurité sur les chantiers, ou sitôt que la moindre modification était apportée à leurs habitudes de travail, etc.).
- Lorsqu’un concert était organisé par les occupants, presque aucun danois n’y assistait (contrairement à d’autres pays où les foules s’empressaient d’assister aux concerts offerts par les nazis)
- Évidemment, lors des défilés militaires, aucun Danois ne venait les applaudir, ni même les regarder.
Racines de l’esprit de résistance
Il est intéressant d’étudier pourquoi ce peuple danois fut si unanime pour résister aux occupants, le plus souvent sans utiliser la violence.
Dans les années 30, lors de la grande dépression, un groupe de Danois d’un mouvement chrétien, après méditation et discussions, décidèrent de s’attaquer au problème du chômage, qui causait tant de drames. Ils décidèrent de proposer aux habitants de leur ville de se grouper par dix et que chaque groupe s’ingénierait à faire travailler chacun un chômeur, — couper du bois, défricher un terrain inemployé pour y faire planter des arbres, faire du soutien scolaire, de l’accompagnement de personnes âgées ou handicapées, améliorer son habitat, restaurer de vieilles maisons, etc.
Ils réussirent à résorber une grande partie du chômage.
Évidemment, petit à petit cette réussite fut connue. Les autorités de la région convoquèrent les initiateurs de cette réussite pour leur proposer d’élargir leur action au niveau de la région. Après nouvelles méditations et discussions, ces initiateurs proposèrent un plan d’action qui fut accepté et par les décideurs régionaux et par la population.
Quelque temps plus tard, ce fut le gouvernement national qui convoqua les initiateurs pour qu’ils étudient un plan à l’échelle nationale. Nouvelles méditations, discussions, puis proposition d’un plan qui, accepté par tous, permit de résoudre la plus grande partie du chômage.
Lorsque les nazis envahirent le Danemark, ils rencontrèrent une population très solidaire, y compris envers les Juifs, les marginaux, les homosexuels, et peu habitués à une telle résistance, souvent ils ne surent comment réagir. Ce qui augmenta la confiance des Danois en eux, et en leur capacité de résistance non-violente.
Question : pourquoi la grande majorité des enfants des différents pays du monde ne connaissent pas ces résistances non violentes ? Pourtant très efficaces ?